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Le sujet du bioéthanol, et surtout celui des boîtiers Flex Fuel, méritait d’être traité. En effet, ce carburant propose une alternative aux carburants fossiles traditionnels, sans nécessité de changer de voiture. Faisons donc le point ensemble sur le bioéthanol, mais aussi sur le boîtier E85 et sur l’homologation des véhicules équipés en France.
flex fuel ethanol e85

Flex Fuel : le pistolet bleu du supéréthanol E85 se rencontre dans de nombreuses stations services 

Flex Fuel : c’est quoi le bioéthanol ?

Le bioéthanol, aussi appelé E85 en France, est un carburant alternatif produit à partir de matières premières agricoles, et proposé pour remplacer les carburants fossiles. Plus précisément, l’appellation E85 nous indique que le carburant distribué à la pompe est composé de 85% de biocarburant et 15% d’essence sans plomb : la proportion entre les deux composants varie entre l’été et l’hiver (de 65 à 85% de bioéthanol).
Le Rapport du groupe de travail sur le soutien au développement de la filière E85 a été élaboré afin de mettre en place un plan d’actions sur le projet Flex Fuel en France. Surnommé « Rapport Prost », il a été élaboré sous la direction d’Alain Prost (ancien pilote de Formule 1), avec l’appui de l’Inspection Générale des Finances Publiques et le Conseil Général des Mines. Une fois remis au Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, le bioéthanol a été mis en test en Champagne-Ardenne en 2006, puis en Picardie en 2010. Depuis, le nombre de stations proposant le bioéthanol ne cesse d’augmenter, ce qui permet de démocratiser son usage et de lever certains freins à l’acquisition de véhicules Flex Fuel.
Le choix du superéthanol E85 présente de nombreux avantages pour l’automobiliste :

  • Son coût : de 60 centimes à 1 euro le litre selon les régions. Même si son utilisation entraîne une surconsommation de 20 à 25% par rapport à du sans plomb traditionnel, l’économie réalisée sur chaque plein est importante : de 30 à 70% par plein !
  • Son origine : le bioéthanol est un carburant français, donc le véhicule Flex Fuel permet de limiter les variations de coût dues aux spéculations sur les cours du pétrole.
  • Sa performance : l’indice d’octane de 106 favorise les performances moteur, et son utilisation réduit les émissions polluantes.

Enfin, le dernier avantage sur lequel nous reviendront ensuite n’est pas le moindre : un arrêté est attendu pour permettre d’obtenir une carte grise gratuite sur les véhicules qui seront homologués Flex Fuel (catégorie FE).

Des voitures Flex Fuel d’origine ou transformées

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Flex Fuel : l’exemple du Brésil avec un moteur FlexPower Chevrolet 

Certains constructeurs proposent (ou ont proposé) des voitures Flex Fuel d’origine, avec une carte grise FE (donc gratuite). C’est le cas de 31000 autos qui circulent en France actuellement. Aux 844 Volkswagen Golf et 215 Jeep Grand Cherokee vendus l’an dernier en France, il faut ajouter ceux dont la commercialisation a cessé :

  • Chez Renault : Mégane, Kangoo, Scenic, Laguna et Espace
  • Chez Dacia : Logan, Duster et Sandero
  • Chez Ford : Focus, Mondeo et Galaxy
La voiture Flex Fuel peut fonctionner soit à l’essence sans plomb (95, 95-E10 ou 98), soit au bioéthanol E85. En France, ces véhicules ont été produits depuis l’an 2000 et sont dotés d’injection monopoint, multipoint ou d’injection directe (plus récent).
Si vous avez déjà une auto fonctionnant à l’essence, il est possible de la transformer en Flex Fuel. Pour cela, vous avez deux solutions :

  • Le boitier Flex Fuel, qui s’intercale sur le faisceau des injecteurs d’origine de l’auto et qui, à l’aide d’une sonde de température moteur, ajustera automatiquement le mélange et facilitera les démarrages à froid. Certains boîtiers sont équipés d’une sonde de carburant qui permet d’analyser en « live » le pourcentage d’éthanol présent dans le réservoir pour encore plus de précision et un meilleur fonctionnement.
  • La cartographie moteur, le principe étant d’extraire la cartographie d’origine du véhicule via une interface informatique, de modifier les données et de transformer cette cartographie en Flex Fuel dans le calculateur d’origine de l’auto. Plusieurs paramètres sont alors modifiés afin que le moteur fonctionne parfaitement au super éthanol E85 (modification de l’avancement du point d’avance à l’allumage principalement). Modifier la cartographie permet aussi d’augmenter la puissance du véhicule grâce à l’indice d’octane bien plus élevé du super éthanol E85.

Certains véhicules acceptent l’E85 sans aucune modification technique comme par exemple la Toyota Prius toutes générations confondues. Cependant, nous vous conseillons tout de même de vous rapprocher d’un professionnel qui vous guidera dans le choix des modifications à faire sur votre auto, et s’assurera de son parfait fonctionnement avant sa modification.

Le Flex Fuel vous intéresse, mais est-ce légal ?

Vous avez pointé du doigt le principal problème des voitures Flex Fuel en France à l’heure actuelle. Si les autos vendues d’origine avec ce type de motorisation n’ont aucun problème vis-à-vis de la législation en vigueur, et si la commercialisation du bioéthanol est autorisée et accessible à tous, il n’en n’est pas de même pour les modifications apportées à votre véhicule… Le précédent gouvernement a donc décidé de clarifier la situation afin de permettre une homologation concernant les voitures Flex Fuel en seconde monte. Comme nous l’avons évoqué précédemment, une modification de la carte grise sera alors possible : la rubrique P3 portera la mention FE (bioéthanol) en lieu et place de ES (sans plomb 95/98) et vous serez alors exonéré du montant de votre carte grise suivant les régions.
A l’heure actuelle, nous sommes toujours dans l’attente de l’arrêté qui définira la procédure d’homologation des boîtiers E85. Celui-ci devait paraître au Journal Officiel en avril 2017, mais force est de constater que la période d’élections que nous avons connue en a retardé la publication. Pourtant, de nombreux automobilistes l’attendent pour procéder à cette transformation. En effet, l’un des objectifs de cette procédure est de permettre de se répérer dans les offres du marché et d’identifier sereinement les boîtiers Flex Fuel qui ont fait l’objet d’une vérification scrupuleuse en vue de leur homologation. Le contenu de cet arrêté est déjà connu, spécifiant les conditions suivantes :

  • Le boîtier E85 ne doit pas présenter d’interférences électrique et/ou électronique ;
  • La voiture équipée d’un boîtier Flex Fuel doit répondre aux exigences de sa norme Euro d’origine sur les émissions polluantes ;
  • La garantie du fabricant du boîtier (assurance) couvre les pièces en contact avec le carburant si la garantie constructeur ne s’applique pas ;
  • La liste des installateurs agréés par le fabricant du boîtier est fournie à l’administration ;
  • Le fabricant du boîtier Flex Fuel fournit la procédure de montage aux installateurs pour les véhicules compatibles.

Cette procédure est actuellement mise à l’épreuve au centre de l’UTAC, en charge de valider les tests d’homologation afin de commercialiser les premiers boîtiers Flex Fuel homologués début 2018. Les automobilistes intéressés par cet équipement devraient donc attendre la disponibilité de ces boîtiers homologués. Mais qu’en est-il des véhicules précédemment équipés? Faudra-t-il se rééquiper de ces nouveaux boîtiers ? Pourra-t-on rouler en toute légalité avec les boitier post-homologation?
Nous continuerons à suivre l’évolution de ce sujet afin de vous en tenir informés. D’un point de vue pratique, nous estimons (mais rien n’est encore sûr) qu’il faudra compter un minimum de 700 € TTC pour équiper un véhicule 4 cylindres d’un boîtier Flex Fuel. Le projet d’arrêté actuel prévoit en outre une obligation d’homologation de la transformation au Centre National de Réception des Véhicules. Cette procédure ne serait valable que pour les voitures (VL) respectant les conditions suivantes :

  • Véhicules légers (voitures et camionnettes) déjà immatriculées
  • Fonctionnement à l’essence, compatible E10
  • Norme Euro 3 minimum
  • Puissance administrative 14 cv maximum
  • Non doté d’un piège à particules

Pourtant, malgré les preuves d’efficacité des boîtiers Flex Fuel sur la réduction des émissions polluantes des véhicules déjà équipés, il n’est pas prévue pour le moment de modifier la catégorie Crit’Air de la voiture qui sera équipée et homologuée…

Pour aller plus loin, voir l’Arrêté du 30 novembre 2017 relatif aux conditions d’homologation et d’installation des dispositifs de conversion des véhicules à motorisation essence en motorisation à carburant modulable essence – superéthanol E85

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Une Ford T Flex Fuel de 1927 ! (crédits : Rmhermen)
La pose d’un boîtier Flex Fuel sur sa voiture paraît être une solution intéressante et peu coûteuse en vue d’économies substantielles sur les frais engendrés. Cependant, nous restons vigilants sur la future homologation de ces boîtiers et des autos qui en seront équipés, ainsi que sur toutes les questions qui ont été soulevées jusqu’ici. Constructeurs et fabricants de boîtiers additionnels développent les solutions de mobilité de demain et élargissent les choix qui nous seront proposés. Et pour la petite histoire, cette Ford T de 1927 est une Flex Fuel ! Donc cette technologie existe depuis quelques temps maintenant…

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