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Elle fait partie des mythes de l’automobile et du sport automobile français, et entame cette année sa renaissance. L’ Alpine A110, produite sous de nombreuses déclinaisons pendant les années 60 et 70, revient en effet pour 2018 avec une toute nouvelle édition, conservant tout ce qui a fait sa réussite tout en bénéficiant désormais des technologies les plus modernes.
alpine a110 2019

Alpine A110 en montagne 

Présentée à l’occasion du Mondial de l’automobile de Paris 2016, elle a fait ses premiers tours de roue devant le grand public à l’occasion des 24 heures du Mans 2017, où elle a fait sensation. Les premiers modèles livrés aux particuliers seront disponibles cette année pour les premiers à les avoir commandés, il faudra sinon passer par les réservations pour avoir la chance de s’en procurer une, la demande étant bien plus importante que prévu.  

L’histoire de l’Alpine A110

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Alpine A110 1962
C’est en 1955 que Jean Rédélé crée la marque Alpine. Il est alors concessionnaire pour le compte de Renault, mais surtout pilote de rallye, et monte sa propre structure avec pour ambition de créer des voitures innovantes, compétitives malgré leurs mécaniques simples, et surtout relativement peu chères en utilisant une majorité de pièces de série pour les concevoir.

Après avoir produit les Alpine A106 et A108, c’est en 1962 que l’A110 est présentée au Salon de Paris, celle-ci ayant été majoritairement construite avec des pièces de Renault 8. C’est cependant grâce à la notoriété qu’elle se crée en compétition qu’elle va acquérir ses lettres de noblesse, forte de nombreux succès sur la scène nationale comme internationale, devenant même la première championne du Monde des Rallyes suite à la refonte du championnat en 1973, après que Renault ait racheté l’intégralité de la société.
Il faut bien dire que pour l’époque, les caractéristiques et les performances de l’Alpine A110 étaient assez sensationnelles. Celle-ci a été déclinée en de nombreux modèles à la puissance variée, mais les plus puissants, équipés des moteurs des R8 Gordini, développaient une cylindrée de 1800 centimètres cubes pour une puissance avoisinant les 200 chevaux, propulsant le bolide à 215 km/h, et lui conférant une accélération redoutable, du fait de son poids minime de 625 kilos rendu possible par une carrosserie élaborée en fibre de verre-polyester.
Cependant, au milieu des années 70, l’A110 est arrivée à la fin de son développement, et les évolutions technologiques mises en place par d’autres grands constructeurs finissent par la rendre dépassée. La production est alors définitivement stoppée en 1977, mais l’empreinte laissée par celle-ci restera inoubliable dans le cœur des passionnés. C’est notamment cette fantastique histoire qui a incité Renault à redonner vie à l’A110, en annonçant en 2012, à l’occasion de son cinquantième anniversaire, la création d’un tout nouveau modèle, dont la présentation officielle serait faite en 2016 pour des premiers tours de roue en 2018.  

Quand le passé s’invite dans le présent

Pour faire renaître la légende, il était essentiel de conserver les éléments forts qui ont permis de la créer, et de s’imprégner de l’héritage laissé par Jean Rédélé. C’est cette vision qui a porté toute l’équipe en charge de ce projet, d’où le nom du premier concept car présenté en 2016, l’Alpine Vision. Indissociable dès la création d’Alpine, c’est aujourd’hui Renault qui gère et finance la majorité du développement de ce nouveau modèle, avec l’ambition d’être à la pointe de la modernité tout en permettant au premier coup d’œil de faire le lien avec son illustre aînée.
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Plaque d’identification de l’Alpine A110 (crédits : Alpine cars média)
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Alpine A110 1977 et 2018 (crédits : Alpine cars média)
Et le résultat est flagrant ! Bien plus galbée avec des lignes plus épurées, on ne peut pas douter une seule seconde de la filialité de ces deux modèles. Les courbes restent totalement identiques, tout comme les calandres avant et arrière, qui se sont vues agrémentées de quelques appendices aérodynamiques. Le pot d’échappement a notamment été placé en position centrale dans cette optique. La forme des feux a elle aussi été conservée, les arrières ayant toujours une forme longiligne, et ceux à l‘avant gardent au maximum ce côté arrondi qui rajoute du caractère à la bête. Même sur les ailes, le renfoncement de carrosserie de la portière a gardé le même motif que celui dessiné il y a plus d’un demi-siècle maintenant, et a été légèrement prononcé pour en faire une prise d’air supplémentaire.
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Alpine A110 de face
(crédits : Alpine cars média)
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Arrière de l'Alpine A110
(crédits : Alpine cars média)
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Alpine A110 de profil
(crédits : Alpine cars média)

Cependant, en comparaison avec son aînée et même si cela n’est pas extravagant, les dimensions et le poids de la nouvelle A110 sont aujourd’hui plus imposants. En effet, elle est désormais 33 centimètres plus longue et 28 centimètres plus large, mais aussi 12 centimètres plus haute, ce qui lui confère un empattement de 2,42 mètres, contre 2,10 mètres à l’époque. Les pneus eux-mêmes ont une taille plus moderne, le bolide étant équipé, à l’avant comme à l’arrière, de gommes de 18 pouces, alors que la berlinette était équipée de montures de 15 pouces à l’avant et de 13 pouces à l’arrière. Enfin, c’est surtout son poids qui a été considérablement augmenté, celle-ci atteignant les 1103 kilos à vide, soit près de 500 de plus que le modèle élaboré par Jean Rédélé.  

L’intérieur de l’Alpine A110, entre luxe et sportivité

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Volant de l’Alpine A110 

Un très gros travail a été fourni par les équipes d’Alpine pour faire de l’intérieur de l’A110 un véritable petit bijou. On y retrouve un savant mélange de cuir avec des structures métalliques laissées visibles pour offrir un contraste entre les matières chaudes et froides, offrant une vraie âme au cockpit. Pour accentuer le côté sportif, des éléments en carbone y figurent également, comme une véritable touche de rappel à ce qui forge l’ADN de cette automobile.
Un détail frappera également les plus puristes, puisque les motifs qui ornent le cuir des sièges ne peuvent que rappeler ceux qui étaient déjà présents dans la version d’origine. Ceux-ci ont d’ailleurs fait l’objet d’un soin tout particulier, leur forme baquet étant idéale pour rester bien en place même à l’attaque des virages, et leur design reflétant un confort apparent qui renforce l’envie immédiate de s’y installer.
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Siège baquet de l’Alpine A110 

Néanmoins, deux éléments sont à-même d’heurter la sensibilité des plus traditionnalistes d’entre nous. Tout d’abord, le frein parking est désormais électrique, ce qui paraît dénaturer un peu l’Alpine A110, celle-ci jouissant d’un passé glorieux en rallye, discipline dans laquelle le frein à main est normalement indispensable. L’autre élément susceptible de ne pas plaire à tout le monde est la disparition du levier de vitesse. Même s’il est possible d’opter pour la boîte séquentielle en se servant des palettes qui ont été apposées derrière le volant, c’est donc désormais une boîte de vitesse automatique qui équipe cette nouvelle Alpine, mais celle-ci se contrôle par le biais de 3 boutons de commande, ce qui ici vient encore davantage mettre en valeur un caractère de routière plutôt que de légende de la course automobile.
 

L’Alpine A110 reste tout de même taillée pour la vitesse

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Alpine A110 en glisse (crédits : Alpine cars média)
Du côté de la conception de cette nouvelle Alpine A110 et de sa performance pure, il ne fait nul doute que celle-ci a bien été développée pour avaler le bitume. Le fait qu’elle pèse maintenant plus d’une tonne ne vient en rien altérer la vélocité du bolide, et les chiffres annoncés par les ingénieurs d’Alpine parlent d’eux-mêmes : seulement 4,5 secondes pour atteindre les 100 km/h en départ arrêté, soit une accélération fulgurante pour les « seulement » 252 chevaux dont elle dispose. La vitesse maximale, limitée électroniquement, est quant à elle de 250 km/h, ce qui lui permet de parcourir un kilomètre en départ arrêté en un tout petit peu plus de 23 secondes. 3 facteurs permettent notamment d’expliquer ces excellentes performances :
  • Le moteur 4 cylindres d’1,8 litres turbo, d’une cylindrée de 1798 centimètres cubes, bénéficiant d’un couple de 320 Newton mètres entre 2000 et 5000 tours/minute, celui-ci étant le même qui équipera la nouvelle version de la Mégane R.S. Il est réglable en 3 modes de conduite, à savoir normal, sport et track, ce dernier permettant d’accéder au maximum du potentiel que peut délivrer la bête.
  • Le châssis, composé à 96% d’aluminium pour être allégé au maximum, en passant du berceau moteur à la cellule de sécurité.
  • La boîte de vitesse automatique à double embrayage 7 rapports.
 
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Moteur de l’Alpine A110 

Ajouté à cela, l’A110 s’est également vue équipée d’étriers de frein également élaborés en aluminium d’un diamètre de 320 millimètres, ainsi que d’un système de suspension à double triangulation, pensé pour lui conférer un excellent comportement et un grand confort de conduite, même sur des surfaces plus irrégulières. Elle saura ainsi sûrement convenir aussi bien aux amateurs de sensations qu’aux amoureux de belles cylindrées.
Elle est enfin dotée d’un réservoir d’une capacité de 45 litres, pour une consommation mixte annoncée à seulement 6,1 litres aux 100 kilomètres, ce qui reste tout à fait raisonnable. Les émissions de CO2 ont également été réduites au maximum pour ne pas dépasser les 132 grammes par kilomètre, limitant le malus dont elle souffrira en 2018 à 860 euros. Sa puissance fiscale étant de 15 chevaux, il faudra tout de même prévoir une petite rallonge de budget en ce qui concerne la carte grise et l’assurance.
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Châssis de l’Alpine A110 

 

Faut-il vraiment s’offrir cette Alpine A110 à tout prix ?

S’il y a bien un point qui pourra rebuter certains acheteurs, c’est le prix de cette nouvelle A110. Même si le catalogue des équipements de série est relativement complet, puisqu’on y retrouve tout de même les échappements sport, les sièges monocoques Sabelt en cuir matelassé ou encore le pédalier en aluminium brossé, il faudra tout de même débourser la coquette somme de 58 500 euros pour pouvoir s’en procurer un exemplaire.
C’est sûrement là que se trouve la plus grande différence avec la version d’origine. Comme évoqué plus haut, l’objectif de Jean Rédélé était aussi de concevoir des voitures peu coûteuses pour qu’elles puissent être acquises par un vaste panel de passionnés, même ceux aux moyens plus limités. Avec ce prix d’achat, la version 2018 de l’A110 oublie complètement ce crédo pour se tourner vers une clientèle plus aisée, ce qui la place au niveau de certaines concurrentes allemandes comme l’Audi TTS S Tronic. Le très faible malus dont elle souffre lui permet tout de même de rester légèrement moins chère, mais cela suffira-t-il à lui conférer la notoriété à laquelle elle prétend, et surtout à convaincre les potentiels clients qu’Alpine souhaite ramener sous sa bannière ?
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