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Au moment de vendre sa voiture, l’automobiliste est souvent perdu… tout comme celui qui veut acheter. La cote occasion sert souvent de base, et on l’évoque lors des discussions entre vendeur et acheteur. Mais qui détermine la cote occasion, et peut-on vraiment s’y fier ? Nous revenons sur l’histoire de l’Argus, première cote établie pour la revente des autos de seconde main, mais aussi sur les autres moyens de connaître la valeur de sa voiture, ou encore sur la spéculation qui s’empare de certains modèles aujourd’hui.
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Comment établir la cote occasion d’une voiture ?

La cote argus, première cote occasion et référence des pros

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Cote occasion : première édition de L’Argus le 15 septembre 1927
Historiquement, c’est la cote argus qui tient lieu de cote officielle pour les professionnels de l’automobile. La raison en est simple : en 1927, Paul Rousseau et Ernest loste fondent L’Argus de l’Automobile et des Locomotions. Tous deux sont très impliqués dans l’industrie automobile de l’époque : Paul Rousseau pris une part très actives dans les premières 24 heures du Mans par exemple, et René Loste était le premier importateur de véhicules et de pièces Fiat. Parmi les informations diffusées par ce magazine dont la première édition date du 15 septembre 1927, les lecteurs trouvaient les tarifs des véhicules neufs et les cours du marché des voitures d’occasion. Et depuis sa création, cette cote argus est une marque déposée…
Un événement majeur de l’histoire mondiale a transformé cette évaluation des cours du marché de l’automobile de seconde main en référence incontestable de la valeur d’un véhicule : la Seconde Guerre Mondiale. En effet, la question de l’indemnisation des véhicules réquisitionnés a servi de tremplin à la cote argus. Cet essor ne fera que se confirmer par la suite avec l’augmentation du marché des autos d’occasion : à la fin des années 50, le nombre de voitures vendues d’occasion est deux fois plus important que celui des auto acquises neuves. Face à un cours-moyen qui ne reflète pas la réalité de la valeur de chaque voiture vendue d’occasion, L’Argus propose dès 1963 une cote personnalisée, affinée en fonction des données transmises par l’automobiliste. Ainsi, kilométrage, options ou garantie constructeur restante permettent d’ajuster le cours-moyen à votre auto. L’Argus a toujours pris pour base de calcul la valeur à neuf du véhicule coté, et évalué sa dépréciation. Cette méthode reste la sienne aujourd’hui, même si l’algorithme utilisé par les experts automobiles s’est affiné au fil du temps. Cette cote occasion est celle utilisée par le milieu professionnel, car elle est souvent la plus avantageuse pour eux.

La cote occasion, ou comment connaître la valeur de son véhicule ?

En parallèle de l’Argus, d’autres acteurs du marché de l’auto d’occasion ont développé leur propre outil de calcul de cote auto. Notamment les acteurs de la petite annonce auto, ceux pour qui la voiture d’occasion est le coeur de métier (La Centrale, AutoScout24…). Dans ce cas, la cote occasion n’est plus calculée à partir du prix du neuf, mais en fonction des annonces qu’ils centralisent, et des prix de vente déclarés par les automobilistes. Cette méthode est plus en accord avec le marché en temps réel. Et à ce jeu-là, c’est La Centrale qui a su tirer son épingle du jeu, contestant la domination de la cote argus en s’installant en tête des recherches sur internet depuis 2005. Dans les faits, chaque automobiliste se demande un jour ce que vaut une voiture. Que vous souhaitiez vendre la vôtre ou en acheter une, il vous faut connaître son prix. De nombreux prestataires existent sur le marché, et chacun utilise son propre algorithme pour évaluer la cote occasion d’une auto. Pour illustrer notre article, nous avons choisi de tester l’évaluation de la cote occasion d’une Renault Clio IV (2) 1,5 dCi 90 Energy Business Eco2 82G de janvier 2016 totalisant 26250 km, soit 17500 km par an. Le tarif indiqué par différents sites nous indique une cote entre 13000 et 14000 €, ce qui permet au vendeur d’établir sa marge de négociation, et son budget s’il souhaite acheter un nouveau véhicule ou bénéficier de fonds pour un projet. Nous avons également testé de nouveaux venus parmi les acteurs de la cote occasion, ceux qui vous offrent de racheter votre auto, et se chargeront ensuite de la revente moyennant remise en état si nécessaire. Dans ce cas, notre Clio de test n’a plus qu’une valeur d’environ 10000 €, tarif duquel seront soustraits les frais de remise en état… Un autre moyen d’affiner la cote occasion d’une auto, c’est de consulter les annonces pour des voitures similaires. En ce qui concerne notre Clio Business, les offres vont de 10000 à 15000 € pour le même modèle affichant entre 20000 et 30000 km au compteur. Pour affiner ce tarif, il vous faudra prendre en compte plusieurs paramètres, que vous soyez vendeur ou acheteur :
  • l’équipement, les options, ou s’il s’agit d’une série limitée,
  • l’état général du véhicule, extérieur comme intérieur,
  • l’année de mise en circulation et le kilométrage
  • l’entretien régulier et l’état des consommables et des pièces d’usure (pneus, frein, embrayage, suspensions…),
  • les réparations entreprises sur le véhicule s’il y en a,
  • la personnalisation ou l’ajout d’équipements.
Le hic, dans ce système de cote occasion, c’est que toutes les autos ne sont pas à la même enseigne… Si votre voiture est un peu âgée, mais pas assez pour être classée collection, vous allez au devant de grandes hésitations ! En effet, les seules voitures bénéficiant d’une cote occasion “officielle” sont les modèles mis en circulation dans les dix dernières années. Autrement dit, si votre auto date de la fin des années 1990, ou du début des années 2000, vous aurez toutes les peines du monde à connaître sa cote en passant par les acteurs traditionnels du marché. Idem pour les Youngtimers…

Quand la côte occasion de certaines voitures s’envole

L’achat et la vente de voitures d’occasion est avant tout un marché, régi par les règles de l’offre et de la demande… Donc le principe est simple :
  • Si l’offre est importante et la demande faible, la côte occasion baisse.
  • Si l’offre est faible et la demande forte, la côte occasion monte.
  • Si l’offre et la demande s’équilibrent, la côte occasion reste stable.
En dehors de cela, la réputation de certains modèles joue en leur faveur ou en leur défaveur au moment de la vente. Ainsi, alors qu’une Peugeot 205 GTI s’échangeait entre 3000 et 5000 € il y a une dizaine d’année, il vous faudra compter aujourd’hui au minimum 10000 à 12000 € pour une 205 GTI de  première génération (1,6 l de 1984 à 1887). De même, la côte occasion des premières Golf GTI a subi une forte inflation ces dernières années. Ces deux modèles font partie des autos plébiscitées par la tendance Youngtimer, et a occasionné une hausse des côtes de voitures sportives des années 1980, voire de celles du début des années 1990. Parallèlement, certains modèles voient leur côte occasion augmenter ces derniers temps à cause d’une spéculation sur une future hausse de la demande.Les passionnés laissent alors la place à ceux qui cherchent un placement financier… La côte occasion d’une voiture est donc un dosage minutieux entre valeur réelle de l’auto, calculée quasi scientifiquement par des experts automobiles en fonction du prix du neuf, et paramètres affectifs et totalement subjectifs, tels que la réputation, l’engouement autour d’un modèle.

Côte occasion VS marché des voitures de collection

Pour certains, la voiture est vue comme un placement financier… enfin, certaines autos de collection principalement. D’après la législation en vigueur, est considéré comme véhicule de collection celui qui a dépassé les 30 ans (après sa date de première mise en circulation).
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Cote occasion : qu’en est-il des voitures de collection ?
Il est alors possible de demander une carte grise “collection” et de bénéficier de certains avantages comme l’absence de contrôle technique. Parmi ces atouts, il ne faut pas oublier les avantages fiscaux puisqu’une voiture de collection notamment au niveau de l’ISF puisqu’elle est considérée comme un objet d’art. Depuis 2010, de nombreux cabinets de placements financiers ont engagé dans leurs équipes des experts du secteur, car aujourd’hui les véhicules de collection sont considérés comme des valeurs refuges plus sûres que l’immobilier et la bourse suite à la crise de 2008…
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Cote occasion, Porsche 911 et Porsche 911 R (Porsche)
Dans un marché qui voit les passionnés lutter contre des personnes en mal de placements financiers performants, la cote de ces voitures de collection. L’année dernière, la fièvre acheteuse touchant certains modèles est allée jusqu’à toucher les véhicules neufs, comme cela a été le cas avec la Porsche 911 R, produite à 991 exemplaires, qui a vu son prix de départ multiplié par 7 avant la livraison des premiers modèles à leur propriétaire. Dans cette situation, la spéculation prend le pas sur la passion et l’auto devient un moyen de s’enrichir à plus ou moins long terme…
Parallèlement à ces véhicules considérés comme collection, la tendance Youngtimer a la cote depuis quelques années, et l’inflation concernant les modèles considérés comme tels est forte ! Nous vous parlions plus haut des GTI des années 80-90, mais ce phénomène peut tout aussi bien toucher une 2CV. D’autres font un pari sur l’avenir en gageant qu’une Seat Ibiza SXI, ou même une Renault Velsatis, prendra dans quelques années énormément de valeur dû à la rareté de l’engin… Dans le cas des voitures de plus de 15 ou 20 ans, établir une cote occasion est bien compliqué. Il faut en effet prendre en compte les tendances spéculatives, l’évolution de l’offre et de la demande, mais aussi la cote d’amour des passionnés et des collectionneurs !
En 2016, le marché des voitures d’occasion a concerné 5.598.680 autos en France. En 2017, ce record devrait être à nouveau battu pour la 3e année consécutive. Et le calcul d’une cote occasion n’a rien d’une science exacte… En fait, le juste prix, c’est celui sur lequel le vendeur et l’acheteur tombent d’accord, et qui permet à l’auto de changer de main.